Des textes. Et des maisons dans Saint-Brieuc. Voici les deux éléments fondamentaux avec lesquels les interprètes et moi-même devrons jouer, ruser, nous amuser durant un mois.
Les textes sont ceux du LAMA, ce groupe d’auteurs, acteurs, metteur en scène qui se réunit à Saint-brieuc depuis plusieurs années. Depuis le temps, nous avons un vaste corpus de textes, dialogués ou non. Ces textes, nous les accompagnons depuis longtemps : ils ont été lus pendant des séances de travail, ils ont été partagés et commenté sur internet, ils ont été réécrits, retravaillés, puis relus, commentés à nouveau, parfois encore réécrits, modifié, corrigés. C’est excitant de se dire qu’à présent certains vont faire théâtre, que les acteurs vont les apprendre, que nous allons les jouer.
Les maisons sont celles des briochins. En un mois nous allons répéter et jouer dans une quarantaine de maisons et de lieux, dans des salons plus ou moins vastes, appuyés aux comptoirs des cuisines américaines, cachés derrière les portes des salles de bain, face à des spectateurs assis dans les fauteuils, sur les chaises en bois, en plastique, en métal...
Une des choses qui m’excite le plus, qui va être une expérience fondamentalement nouvelle, c’est de voir comment les maisons vont jouer avec les textes, et vice versa. J’ai choisi volontairement des textes très différents, très opposés : certains paraîtront réalistes, écrits pour un intérieur briochin (alors que les auteurs ne savaient pas que nous jouerions dans les maisons) tandis que d’autres sont totalement étrangers à l’idée d’intérieur, et ne colleront pas. Ce sera un des aspects de mon expérience, je pense : passer d’un naturalisme dédoublé par la réalité à une étrangeté radicale, qui peut être troublante ou très drôle.
Alexis Fichet