Marina Keltchewsky © DR

Je suis arrivée à Saint-Brieuc en juillet 2013 pour participer à cinq jours d’écriture intensive proposés par Roland Fichet.

Je suis arrivée à Saint-Brieuc en partant de Rennes, parce que c’est là que j’habite depuis maintenant quatre ans, depuis ce jour où j’ai pris un train de Paris pour passer le concours de l’école d’acteurs du Théâtre National de Bretagne.

J’étais arrivée à Paris en prenant l’avion depuis l’Argentine où j’avais passé une année à l’école des beaux-arts de Cordoba avant de me rendre compte que non, la peinture ça n’était pas ça, il fallait essayer le théâtre.

Le théâtre ça me trottait déjà dans la tête avant Paris. Mais ça me trottait dans la tête en russe parce que j’étais en Russie, et avant ça, dans l’avion Rabbat-Moscou, et encore avant, dans le vol Belgrade-Rabbat, je ne sais pas ce qui me trottait dans la tête parce que je ne savais pas encore parler.

Tout ça pour revenir au début, à savoir Saint-Brieuc, dans le TER Bretagne. Le laboratoire auteurs metteurs-en-scène acteurs est lancé sur une thématique : écrire un portrait inspiré d’une rencontre avec un breton d’origine étrangère. Autant dire que ma trajectoire géographique et intime, ainsi que mon adoption récente par la Bretagne me poussaient de tous les côtés à rechercher les chiens bâtards et errants de mon espèce. Autant dire aussi qu’on se renifle de loin. Et pour écrire il faut bien avoir un peu de pif.

Passionnée par l’écriture depuis toujours, j’ai connu les honneurs en remportant le deuxième prix d’écriture de ma bibliothèque de quartier à l’âge de huit ans. J’ai gardé longtemps le goût de ce triomphe en moi, mais pas assez longtemps tout de même pour avoir le courage de continuer à écrire entre-temps. J’ai du attendre de rencontrer Roland Fichet à l’âge de 22 ans pour m’y remettre vraiment, et pour y découvrir une nouvelle nécessité allant de paire avec ma passion du théâtre.