Romain Brosseau

Qu'il faisait bon à Carmélie ce lundi 20 janvier.

Pour ma part, j'ai débarqué à 13h et nous étions accueillis comme toujours, royalement. La fine équipe du lundi se retrouve pour déjeuner. Alexis et Alexandre nous briefent sur le déroulement de la journée avec choses à inventer et celles qui sont prédéfinies.

En cet après-midi, nous avons organisé l'espace et mis en place les festivités de notre grande soirée. Un peu cabaret, un peu sympa quand même. Chacun découvre les textes qu'il lira. C'est émouvant et excitant. Une sacrée responsabilité quand même. J'ai lu Lou et le grand méchant de Mathieu M. et #nnnnnnnnnnnnn/non dominique/pas ce soir# de Yann L. J'ai de la chance parce que ces deux textes je les adore depuis le début et je suis assez impressionné pour ne pas me dire que c'est dans la poche. Plusieurs tables autour desquelles une dizaine de chaise sont rassemblées. Nous créons des petits îlots, des petites communautés qui passeront la soirée ensemble et découvriront les textes du LAMA. Un lecteur par table. Nous installons aussi trois estrades, gueuloirs, crachoirs, autels, nous appellerons ça comme on veut. De là, les voix surgiront grâce à micros et pupitres. Je vois chaque lecteur découvrir avec avidité les mots qu'il aura à rendre audible en cette soirée du texte. Je cherche le rythme, mastique le texte, il faut que cela devienne facile. Je deviens "copain" avec Lou et Dominique. Et dans presque chaque texte il y a une phrase ou plus, de discours direct qui seront dites par un autre. Deux voix par texte donc. Et souvent les portraits prennent un relief dingue grâce à cette belle ingéniosité. Moi, j'ai poussé la chansonnette du vendeur de bodies de Johanne. On va dire qu'on a répété. Ok. Mais vite fait quand même. Il y avait les projos qui s'installaient, des tables qui se montaient puis c'était aux sandwichs de débarquer... Bon bon. Nous avons quand même testé micro et espace au moins une fois pour chaque texte. 'fin ceux qui étaient là. Eh oui, en plus, il y aura les lecteurs qui débarqueront seulement sur les coups de 18h30. Donc, nous dirons que nous avons répété mais pas beaucoup quand même.

Parfois on a la chance d'avoir l'auteur sous la main. Tristan R. vient me poser quelques questions sur Le bleu de la mer..., puis fait des remarques puis voudrait réécrire... Mais il se prend pour qui celui-là ! Satané acteur ! Il en fera ce qu'il veut de ce texte et si il lui plaît pas c'est pareil! Non mais... Finalement, il l'aimait bien et j'ai tout entendu de ce que j'avais écrit. Avec Yann, nous formons un joli duo. Qu'il m'éclaire sur les hashtags de Dominique et en échange je lui donnerai des petits indices sur la construction du périple de Jaqui. Un exemple typique des relations que le LAMA crée entre nous.

Et avec tout ça, après avoir fumé ma dernière cigarette, comme celle avant de se lancer dans l'arène, quand je reviens dans la salle de Carmélie à 19h, c'est que les tables sont bien complètes. Il y a toujours du monde en ces lundis.

Et c'est parti. Trois "sets" de huit textes. Avec présentations des auteurs quand ils sont présents. Avec 8 textes qui se succèdent souvent bien. 8 c'est bien. C'est l'infini donc c'est sûrement bien pour ça. Pas évident de trouver l'équilibre avec ces portraits qui restent, tous, courts et qui nous propulsent dans des univers bien différents à chaque fois. Passer de l'un à l'autre n'est pas toujours facile. Vulgairement, passer d'un "drôle" à un plus "tragique" n'est pas d'une évidence folle. Mais ça ne s'est senti que deux ou trois fois. Sinon, on voyage agréablement bien. Puis, dis-donc, c'était bien lu ! Ah si si. J'étais moi-même surpris qu'on s'en sorte si bien même si nous avions répété... hmmm hmmm.... Vraiment, chapeau les lecteurs ! Beau boulot !

Je noterai la belle dérogation à notre protocole quand, pour clôturer le deuxième set, nous avons tous retrouvé notre table et que nous avons offert le portrait de Toufik Romanovitch aux invités de notre tablée. Susurrer les qualificatifs délicieux et poétique de Marina K. c'était comme faire l'amour avec nos auditeurs. Une belle partouze sonore que j'ai déclenché à ma table. Merci Marina.

Discussion entre chaque set, animée par Roland grâce à qui il n'y a jamais ce long silence d'après un acte de représentation et qu'il faut parler juste après. Oui, Roland a toujours le mot qu'il faut, mais ça c'est de notoriété publique. Les questions se soulèvent, nous évoquons nos principes d'écritures, les spectateurs nous livrent leur réception, leur avis. C'est un bel échange, convivial, pas vraiment intimidant, juste ce qu'il faut de convivialité et d'organisation. Le vin était délicieux.

Je finirai par les remerciements. Roland et Annie, vous nous avez laissé un bel espace. Alexis et Alexandre toujours là où il faut pour driver ce grand groupe du LAMA. Merci à Tristan et Yann pour les lectures de mes portraits. J'étais certes pas vraiment à l'aise de me retrouver sur l'estrade juste à côté de mon lecteur quand celui-ci dévoilait les périples sexuels d'un de mes portraits (rien d'autobiographique, non, non...) mais c'est ça aussi être auteur. Merci à Yann et Mathieu qui m'ont fait 2 beaux cadeaux. Ils n'y sont pour rien dans l'attribution des portraits aux lecteurs mais j'étais fier de rendre en voix et autres tremblements leur prose.

Romain Brosseau