Jean Cocteau définissait son théâtre de poche — fait de pièces courtes écrites pour telle ou tel artiste qui désirait emporter dans son sac à main un numéro facile à exécuter sur les planches — comme un simple prétexte à faire briller une étoile sous un de ses angles les moins connus.

Moi, je dirai des Micropièces de Roland Fichet — qui ont le sens du clin d’œil et du coup de pinceau des miniatures de Cocteau — qu’ils ont la concision et la fulgurance des adages et proverbes dont se servaient nos sages pour illustrer leurs propos, ponctuer leurs débats ou alléger les palabres. Ce sont des concentrés d’histoires, de faits divers, d’impressions ou de perceptions qui puisent dans les réalités du vaste monde comme les abeilles dans un jardin de fleurs.

Quand l’idée nous est venue au sein de la Compagnie Feugham d’articuler des formes courtes sur les conférences pour remplir en même temps nos rôles d’artistes et de citoyens, les Micropièces nous sont apparus comme des bouchées de lumière pouvant rendre plus digestes les sujets — parfois sombres — que nous abordons dans nos conférences de mercredi après-midi à la Bibliothèque pilote provinciale de Bafoussam, pour jeter un pavé dans la mare du pus de nos choses mal faites.

Nous convions un public divers à venir s’entretenir avec nous d’un sujet préoccupant intimement la société camerounaise, et nous meublons les intermèdes en jouant des Micropièces se rapportant — de près ou de loin — au sujet de la discussion. Ce qui fait d’eux des adages et proverbes des jours d’aujourd’hui sous l’arbre à palabres symbolique qu’est désormais la bibliothèque pour nous qui pensons comme le poète Sengat-Kuo que l’arbre ne s’élance à la conquête du soleil qu’en s’agrippant ferme à la terre nourricière.

Kouam Tawa