« Qu'elle ne meure » de Roland Fichet, m.e.s. Gildas Milin - de G à D : Marie-Laure Mouak, Faudile Kebbi -- © Christian Berthelot

En 1997, en Espagne, j'ai commandé à Rodrigo Garcia un récit de naissance. Inconnu en France à l’époque, Rodrigo Garcia a écrit pour le Théâtre de Folle Pensée un texte tranchant qui a pour titre : « Vous êtes tous des fils de pute ». Cette pièce de Rodrigo Garcia s'ouvre sur un poème de Pier Paolo Pasolini. « Afrique mon unique alternative » est la dernière phrase de ce poème.

En 2001, nous avons joué Vous êtes tous des fils de pute au TGP de Saint-Denis que dirigeait Stanislas Nordey et c'est à ce moment-là, dans ce théâtre, avec ces mots de Pasolini dans les oreilles que j'ai rencontré Kouam Tawa, auteur camerounais. Kouam m'a pris par la main et dès le mois d'août je pérégrinais en Afrique.

Pendant ce premier voyage en Afrique, j'ai beaucoup marché au Togo, au Bénin, au Cameroun. Pendant ces semaines d'août et septembre 2001, j'ai rencontré plus de cent personnes. Nous avons parlé des journées entières. La parole des femmes était la plus physique, la plus volcanique. Cela m'a marqué. Les années suivantes, j'ai ressenti la même émotion au Niger, au Mali, au Sénégal.

Aujourd'hui voici Qu'elle ne meure. Drôle d'atterrissage. Tant d'autres choses plus joyeuses m'ont remué en Afrique. Est-ce Pasolini qui m'a discrètement poussé vers cet endroit brûlant où le sexe et la mort s'enlacent ? Mystère !

Faut-il réaliser que notre civilisation, telle une anguille métaphysique, nous glisse entre les mains ?

Je suis rentré de ce séjour en Afrique le 11 septembre 2001.

Roland Jean Fichet