Roland Fichet - © Christian Berthelot

La pièce Qu'elle ne meure se déploie sur un plateau de théâtre. Jean, l’auteur-metteur en scène, a demandé à une jeune dramaturge nigériane, Hawa, de l’éclairer sur ce qui déclenche chez un homme le désir de tuer une femme, de l’éclairer aussi sur ce que veut une femme. Sa bretonne de mère vient de lui raconter ce qu’elle a elle-même vécu quand elle était adolescente. Valérie, l’actrice qui joue Véronika, est bouleversée par ce qu’elle vit et ce qu’elle dit. Le chien tente de recouvrir la tragédie d’un voile de comédie. Tous voient se lever dans le monde des corps de femmes qui affirment et affichent leur liberté.

Les deux femmes noires, Fatim et Hawa, prennent les choses en main et vont jusqu’au bout de l’aveu.

Comment représenter cela, une lapidation au Nord Mali ?
À la tombée du jour, une jeune femme noire, Fatim, concentre sur elle les regards : les regards des hommes qui ont déjà des pierres dans les mains, le regard de Véronika, femme blanche, happée par ce qu’elle voit sur l’écran de son ordinateur, le regard d’un chien. Dans ce village entre Sahel et Sahara, Véronika et Le chien assistent à ce rituel de lapidation qui les met sens dessus dessous.

Comment représenter cela, une lapidation en Bretagne ?
L’auteur-metteur en scène est secoué par une autre scène de lapidation, une scène que lui a racontée sa propre mère : en 1948, Suzanne, une jeune femme de son village breton, est hissée sur une charrette, trainée de hameau en hameau, saoulée, dévêtue, frappée avec des projectiles divers.

De quel aveu vont enfanter ces lapidations ?
Comment représenter cela ?
Ces deux questions traversent Qu'elle ne meure de bout en bout.

 

Couverture du livre « Qu'elle ne meure » de Roland Fichet, Éditions Théâtrales, 2015