Des passerelles nouvelles entre espace public et espace privé.

Il y a vingt ans, entrer chez quelqu'un c'était franchir une frontière : entre espace public et espace privé. Mais aujourd’hui ?


L’espace public connecté occupe l’espace privé

Le web, la wifi, le streaming, le smartphone… ont fait massivement entrer dans nos maisons des objets culturels. La domotique, linky, gazpar, la webcam… les ont ouvertes aux collecteurs de données.


À l’inverse, l’espace privé connecté occupe l’espace public

Aujourd’hui partout où nous allons nous transportons avec nous notre bulle multimédia personnelle.

Dans la rue nous téléphonons, tweetons, textotons, googlisons, nous likons nos amis Facebook, nous écoutons en streaming notre playlist, nous faisons une photo et l’envoyons n'importe où dans le monde…

Nous pouvons aujourd'hui faire tout cela — qui est pour l'essentiel d'ordre privé — au sein même de l'espace public.


Conséquence : forte est la tentation du repli dans un entre-soi connecté

D’une part, les gens socialisent hors de leur foyer leurs liens privés : les groupes d’affinités connectés, les rencontres amoureuses, la sexualité ont pris une place énorme dans l’espace public. D’autre part, le cœur du lien social est entré dans l’espace privé, qui s’est équipé et agrandi pour mieux recevoir (cuisine, jardin, barbecue…).


Les formes de vie : nouvel appel à la création ?

Comment faire théâtre de ces nouvelles formes de vie ? On peut écrire une pièce de théâtre sur le monde connecté (Le point de Godwin de Damien Gabriac, auteur du Lama) et la jouer dans des théâtres. On peut aussi écrire des micropièces inspirées par des habitants et les jouer dans des maisons. C’est à cet endroit que se sont glissées les spectacles Saint-Brieuc Ville à écrire.

Voici l’hypothèse que nous formulons :

Saint-Brieuc Ville à écrire vide temporairement l’espace privé que constitue la maison-hôte (il ne s’agit pas seulement d’un vide symbolique, nous déménageons vraiment les meubles et décrochons vraiment les décorations murales, nos hôtes ont pu le constater).

➞ Dans ce vide temporaire, les artistes du Lama font entrer la ville et sa communauté humaine. Ils créent un espace scénique, théâtral et cinématographique, qui devient ensuite un lieu de parole où les habitants-spectateurs peuvent à leur tour s’exprimer sur leur ville.