On pourrait résumer J’espère ne pas me perdre d’ici ce soir à une grande image immobile et mouvante, se diffractant sans s’émietter. L’apparition de la femme qui dit : Je m’en vais, et qui s’en va, sur fond de rivière que la caméra remonte lentement est aussi inoubliable que la paisible et poignante promenade sur l’eau qui ouvre Shoah.

Le spectacle tout entier atteint une sorte de perfection. La primauté donnée au jeu de la comédienne, la proximité du public, un dispositif scénique aisément démontable, nous sommes dans un théâtre qui répond aux vœux de Grotowski, et ce n’est pas un mince compliment. On ne choisit pas forcément la pauvreté, mais le théâtre pauvre souvent se montre plus hardi, plus inventif que l’autre, le « théâtre riche ».

Paol Keineg