« Anatomies 2008 / Brazzaville – St-Brieuc » est un spectacle du Théâtre de Folle Pensée, compagnie conventionnée, St-Brieuc, écrit et mis en scène par Roland Fichet en collaboration avec le chorégraphe Orchy Nzaba, compagnie Li-Sangha, Brazzaville.
« Anatomies 2008 / Brazzaville – Saint-Brieuc » est un spectacle
écrit et mis en scène par Roland Fichet, en collaboration
avec le chorégraphe Orchy Nzaba. Ce spectacle est actuellement
en répétition au Centre Culturel Français de Brazzaville,
dirigé par Yves Ollivier. « Anatomies 2008 » est composé de
trois pièces interprétées par des acteurs/danseurs
congolais et français. La création congolaise du spectacle
aura lieu le 10 avril 2008 au Centre culturel français André
Malraux de Brazzaville et la création française les 27,
28, 29 mai 2008 à La Passerelle Scène nationale de Saint-Brieuc.
Dix newsletters jalonneront les répétitions et créations
de « Anatomies 2008 ».
CUT #1 – BRAZZAVILLE
« Une ombre. C’est pour ça qu’ils vont me donner un visa, parce que je suis une
ombre. » (Anatomies 2008 / Ça mon corps / File d’attente)
CE QUI M'ARRÊTE #1
Dans l’immense hall d’entrée du Centre culturel français
de Brazzaville, il y a une gigantesque télévision accrochée
au mur. Ce vendredi 7 mars 2008, une dizaine de Congolais regarde en direct
le journal télévisé de 13 heures sur France 2. On
y voit le reportage suivant : À l’aide d’une caméra
infrarouge, un ingénieur inspecte en hélicoptère
les toits de plusieurs bâtiments publics dans la campagne française
afin de repérer les déperditions de chaleur dues à
un défaut d’isolation.
Je continue mon chemin vers la cafétéria.
Il fait 29°C.
Alexandre Koutchevsky
HOSPITALITÉ RÉCIPROQUE
HOSPITALITÉ 1
Le théâtre ouvre sa porte et la danse sa fenêtre. Le
théâtre offre ses mots, la danse offre ses rythmes. Épousailles
dans les cours de Brazzaville, sur la scène du CCF André
Malraux, sur la scène de La Passerelle de Saint-Brieuc.
HOSPITALITÉ 2
• Brazzaville, mars-avril 2008 — La compagnie Li Sangha accueille la compagnie
Folle Pensée. Flora Diguet, Damien Gabriac, Alexandre Koutchevsky
dialoguent avec Nodary Christel Balossa Nganga, Chanel Boungouandza Bibene,
Rudolf Ulitch Ikoli N’kazi, Princia Jéarbuth Hervienne Biyela, Destinée Léa
Tchibassa. Roland Fichet et Orchy Nzaba tracent des chemins, dessinent
le paysage, cartographient les premières anatomies. Les acteurs/actrices,
les danseurs/danseuses dansent, chantent, inventent, interprètent.
• Saint-Brieuc, mai 2008 — Folle Pensée accueille Li Sangha. Le Centre
culturel français de Brazzaville passe le relais à la Scène
nationale de Saint-Brieuc.
• Avril-mai 2009 — L’art est la langue du passage des frontières.
Le tressage des langages, des paysages, des univers, se continue dans
le bond d’un continent à l’autre. Des théâtres
en France, des centres culturels et des festivals en Afrique ouvrent leurs
scènes aux Anatomies 2009.
• Janvier-février 2010 — Nouveau bond. Anatomies 2010 poursuit son
dialogue avec des publics inhabituels dans des lieux inhabituels.
HOSPITALITÉ 3
Anatomies 2008 – Ça mon corps. Chaque corps-qui-parle murmure son désir
(écoute, je te parle dans ma langue). Les textes écrits
en français par Roland Fichet sont troués par Sylvie Dyclo-Pomos.
Le lingala, la langue des acteurs/danseurs congolais pousse de l’épaule
la langue des acteurs/danseurs français. Frottement de langues.
Roland Fichet
CORPS SEUL
Travailler avec des danseurs. Partir du corps. Je ne perçois pas
mon corps, ce qu’il donne à voir, réellement. Le vertige
de ce qu’on ne sait pas faire est grand. Le premier jour, chacun
construit une gamme, une partition dansée en solo. Je cherche au
mauvais endroit, celui de la représentation, de l’image d’un
« geste beau ». Non. Après avoir vu le documentaire
d’Arte sur VSPRS d’Alain Platel, je comprends une chose :
il faut partir d’une impulsion, d’un instinct de mouvement
qui vient de l’état dans lequel je suis. Être au présent,
comme avec le texte finalement. Partir de l’improvisation pour construire
ensuite et non l’inverse. « Oublie ta tête, pense avec
ton corps » (phrase extraite de « Ça mon corps »). Je ne
suis pas danseuse mais actrice et je connais mon corps d’actrice : je dois apprivoiser et fouiller ce corps d’actrice en mouvement.
Corps seul, sans musique, sans texte, sans filet. Alors, partir de soi.
Comme avec le texte. Reste à se risquer un peu plus demain vers
cet inconnu.
Flora Diguet
COURS, DE L’AUTRE CÔTÉ DU GOUDRON
Dans le haut quartier de Bacongo* les gens semblent posés dans
le paysage. Comme savamment disposés, parmi les herbes, les rues,
détachés sur les murs des maisons, découpés
sur le fleuve Congo qui fume de brume. Sous la poussière il y a
parfois une route de goudron, parfois il n’y a que la poussière.
Les habitations dans ce haut quartier de Bacongo s’agencent comme
dans une ville américaine : en rectangle, en angles droits à
l’infini, tout se recoupe. Bacongo du Far-West.
Notre promenade tous ensemble, Français et Congolais d’Anatomies
2008, dans le haut quartier de Bacongo, crée une petite vague d’étonnements,
légère. « Mundele ! » nous crient les enfants,
ce qui signifie « blanc ». Sur le chemin il y a les cours.
Entourées de tôles, de planches ou d’arbres, ouvertes
sur la rue ou fermées. Dans le quartier Moungali, avec Papythio**,
Byb***, Flora et Damien, nous passons le petit pont de béton sur
l’égout à ciel ouvert, poussons une porte de tôle
et pénétrons dans une grande cour. Une toute petite fille accroupie
en robe rose nous regarde une assiette en terre cuite dans la main droite.
Au fond, deux femmes âgées, vers lesquelles nous nous dirigeons,
qui se lèvent, époussettent leurs sièges de jardin
en bois usé, avancent vers nous, tandis que Papythio et Byb
nous invitent également à nous asseoir.
Nous parlerons avec
ces femmes et un homme de la possibilité de venir jouer dans cette
cour où répète régulièrement un groupe
de percussionnistes. Ils sont ravis. Nous aussi. Nous décidons
dès le deuxième jour, qu’en plus du spectacle au Centre
culturel, nous ferons des brèves dans les cours à partir
notamment des « Duos » d’Anatomies 2008, ce sera : « Des corps dans les cours ».
Alexandre Koutchevsky
* Brazzaville compte une dizaine de quartiers.
« Bacongo » est le pluriel de Congo – anciennement Kongo –,
« Moungali » est le nom d’un ancien chef coutumier. ** Papythio : ange gardien, qui nous guide, nous aide, construit le décor,
cherche les collaborateurs, trouve des solutions à toutes sortes
de problèmes, joue au basket. *** Byb : surnom de Chanel Boungouandza Bibene, danseur de la compagnie
Li Sangha.
CHRONIQUE DES RÉPÉTITIONS #1
Anatomies 2008 se compose de trois pièces écrites
par Roland Fichet : « Ça mon corps », « Couples. 7 duos » et « L’étrange étranger ». Le
mercredi 5 mars, l’équipe se réunit dans le studio
de danse du Centre culturel français André Malraux de Brazzaville
pour une première lecture des deux premières pièces. « Couples. 7 duos » et « L’étrange
étranger » seront joués dans les cours des quartiers
de Brazzaville sous le titre « Des corps dans les cours »,
« Ça mon corps » sur le plateau du CCF.
Le studio de danse du CCF possède une grande baie vitrée
ouverte en permanence durant le travail. Dehors, une petite cour ombragée.
Dans le studio, un piano à queue très usé, un miroir,
une barre, du plancher, quelques vêtements sur une penderie (robes,
costumes, chemises). Il fait tranquillement chaud. Odeurs légères.
Bruits de la ville, voitures, cris, voix au loin.
Nous travaillons ensemble de 8h30 à 13h puis de 18h à 21h.
Souvent, derrière nous dans la cour (et donc face aux acteurs/danseurs
en travail) des personnes s’arrêtent pendant quelques minutes
ou parfois une heure. Des employés du CCF passent avec des brouettes,
des chaises, des caisses. Ceux qui s’arrêtent et ceux qui
passent profitent de cette baie vitrée toujours ouverte sur les
répétitions. Pas question ici de se cloîtrer pour
travailler.
PREMIERS JOURS DE TRAVAIL / PARTIR DU CORPS
D’emblée Roland Fichet annonce qu’il souhaite qu’on
« dépasse la question de la danse au théâtre ». À tous, acteurs et danseurs, l’auteur/metteur en scène
demande de commencer par mettre le corps en jeu. Le second jour, après
un long échauffement collectif dans la petite cour de sable-terre,
le premier exercice consiste à créer chacun « une
phrase corporelle ». Ce n’est pas tout à fait danser.
Ce n’est pas jouer non plus. Mais ce sont les trois comédiens
qui semblent appréhender le plus cet exercice quand la veille les
danseurs étaient moins à l’aise pour la lecture des
textes.
Chacun arrive avec ses capacités, mais également
ses projections sur ce que peut un danseur, un acteur. L’exploration
poussée des rapports de porosité entre les qualités
de danseur et celles d’acteur constitue un des enjeux au cœur
du travail. Quarante-cinq minutes plus tard chacun propose sa phrase corporelle,
plus ou moins longue, plus ou moins fluide. Successions de postures pour
certains, enchainements souples pour d’autres. L’auteur/metteur
en scène repère des gestes, des expressions de visage, des
ports de corps, des vitesses d’exécution, signale ce qui
lui paraît fort, encourage, s’amuse, remue sur sa chaise.
Un geste revient souvent dans les propositions des acteurs/danseurs :
une main saisit un pied, un bras ou une autre main, et le met en mouvement,
parfois avec violence. Le corps se désarticule et se réarticule
ainsi de manière étrange, faisant surgir parfois d’étonnantes
chimères. Princia Jéarbuth Hervienne Biyela propose ainsi une marche contrainte, saccadée,
où la main semble mouvoir le pied.
… /
/ …
Deuxième étape de l’exercice : un acteur/danseur reprend
la phrase corporelle qu’un autre vient de proposer. Roland Fichet
crée ainsi deux couples de travail (Flora et Stik ; Damien et Princia)
et un trio (Destinée, Byb, Au Carré). Transmission de gestes,
de postures, de mimiques. Celui qui a proposé la phrase, reprend,
corrige celui qui la refait. Premières ébauches de complicités
entre acteurs/danseurs congolais et français. Le langage refait
son apparition pour permettre de partager les codes et les vocabulaires
du corps en mouvement. Il faut décrire à l’autre ce
qu’on a fait soi-même. Cet exercice est placé sous
le signe de l’hospitalité réciproque : petit à
petit le metteur en scène demande aux acteurs/danseurs d’accueillir
dans leur solo une part de la proposition de l’autre.
Le texte cependant ne tarde pas à faire son apparition. Il est
introduit par l’auteur/metteur en scène dès le lendemain,
troisième jour des répétitions. Assis près
du piano, Roland Fichet choisit des textes et les lit aux acteurs/danseurs,
réplique par réplique, afin qu’ils les disent en même
temps qu’ils réalisent leur phrase corporelle. Comment insérer
les mots dans la phrase corporelle ? « Privilégiez la continuation
de l’enchainement avant de parler ». Le texte surgit, heurte
la fluidité, le mot vient mettre son grain de sel dans les corps.
Immédiatement surgissent quelques coïncidences signifiantes,
mais pour l’instant le texte et la phrase corporelle continuent
de suivre leur propre chemin. Il ne s’agit pas encore d’articuler,
simplement de juxtaposer ces deux éléments de travail en
repoussant le rapport d’illustration.
Que disent les corps sans les mots ? Comment les textes vont-ils s’inscrire
dans la trame des phrases corporelles ? Comment les syntaxes corporelles
et textuelles vont-elles s’agencer ? Vers quels types de sens et
de sensations font tendre le texte, le corps ? Les textes brefs d’Anatomies
2008 répondent à leur manière à ces questions.
Ils mettent tous en jeu des personnages aux prises avec leur désir,
avec ce qui, dans leur corps, parle pour eux, plus loin qu’ils ne
le voudraient ou qu’ils ne l’imaginent. En faisant collaborer
danseurs et acteurs, Roland Fichet cherche ce qui va parler dans les corps
en jeu, ce qui va dialoguer avec ses textes.
Alexandre Koutchevsky
LETTRES DE BRAZZAVILLE
Lettre n°1, adressée à Éric Lamoureux,
chorégraphe, danseur, directeur du Centre chorégraphique national de Caen.
Cher Éric,
Me voici de nouveau à Brazzaville, au Congo. Je commence ma cinquième
résidence dans cette ville. La première c’était
en juillet 2006. Je suis passé du festival Mantsina sur scène
au festival Makinu Bantu. D’abord invité par Dieudonné
Niangouna, j’ai poursuivi ma route avec Orchy Nzaba. Je circule
du théâtre à la danse et de la danse au théâtre
en compagnie de mes amis et complices chorégraphes, auteurs, danseurs,
acteurs… Orchy apporte son regard de chorégraphe au spectacle
que nous créerons ici le 10 avril, Dieudonné assistait à
la répétition de samedi, Sylvie Dyclo-Pomos traduit en lingala des fragments du texte d’« Anatomies 2008 / Brazzaville-Saint-Brieuc ».
« Anatomies 2008 / Brazzaville-Saint-Brieuc » (les représentations auront lieu à la Scène nationale de Saint-Brieuc les 27, 28 et 29 mai) s’inscrira dans une trilogie grâce au TNB de Rennes, à la Scène nationale de Quimper, au Théâtre de Morlaix et au CCF de N’Djamena. Des périodes de répétitions et de représentations sont prévues en 2009 et 2010. Anatomies 2008 engendrera donc Anatomies 2009 et Anatomies 2010.
Depuis le début de l’année 2007 j’ai écrit deux des pièces de cette trilogie. Au cours des deux ateliers danse-théâtre que j’ai dirigés en septembre, octobre et novembre à Brazzaville et à N’Djamena, j’ai proposé aux danseurs et aux acteurs des traversées, des dispositifs d’expérimentation qui m’ont permis de tester la structure de ces textes, leur rythme, leurs flux, leur logique dramatique et chorégraphique. Jouer à la frontière de la danse et du théâtre, jouer justement cette frontière, suscite chez moi et chez les interprètes beaucoup de désir. Le champ d’exploration du texte est du coup très ouvert la voix aussi danse, chante, psalmodie, murmure, profère…
Éric, tu étais ici en septembre dernier, c’est ici que nous nous sommes rencontrés. Nous avons eu ici des conversations vives, joyeuses. En décembre, j’ai retrouvé Orchy Nzaba et la compagnie Li Sangha dans votre Centre chorégraphique, à Caen, lors du festival Danse d’ailleurs. C’est pourquoi j’ai choisi de t’adresser la première des lettres de Brazzaville. Il y en aura plusieurs. J’en écrirai tout au long du processus de création.
Nous répétons pour l’instant dans le studio de danse du Centre culturel français André Malraux de 8H30 à 13h et de 18h à 21h. Comme d’habitude Yves Ollivier nous a accueillis avec chaleur. Il a mis à notre disposition plusieurs espaces. L’équipe d’interprètes est composée de la danseuse et des danseurs que tu connais : Princia Jéarbuth Hervienne Biyela, Nodary Christel Balossa Nganga, Rudolf Ulitch Ikoli N'kazi, Chanel Boungouandza Bibene ; d’une actrice française Flora Diguet, d’un acteur français Damien Gabriac. D’autres personnes m’accompagnent dans cette aventure. J’en parlerai lors d’une prochaine lettre.
Dès le premier jour, le mardi 4 mars, nous avons marché tous ensemble dans les rues de Bacongo, quartier sud de Brazzaville et visité quelques cours. Nous avons une petite idée derrière la tête.
Quelques jours avant de partir pour le Congo, comme je traversais la place Sainte-Anne à Rennes où plusieurs bouquinistes exposent des livres d’occasion, je suis tombé sur Le Livre du ça de Georg Groddeck. Une des toutes premières recherches que j’ai engagées il y a de nombreuses années portait sur les états du corps. Cette exploration était inspirée par les travaux de Jerzy Grotowski. Pour nourrir notre démarche, je m’étais appuyé sur Le Livre du ça de Georg Groddeck. Je viens d’en lire quelques passages aux interprètes d’Anatomies 2008.
En conclusion de cette lettre, en voici un :
« Je pense que l’homme est vécu par quelque chose d’inconnu. Il existe en lui un « Ça », une sorte de phénomène qui préside à tout ce qu’il fait et à tout ce qui lui arrive. La phrase « Je vis… » n’est vraie que conditionnellement ; elle n’exprime qu’une petite partie de cette vérité fondamentale : l’être humain est vécu par le Ça. Encore un mot. Nous ne connaissons de ce Ça que ce qui s’en trouve dans notre conscient. La plus grande partie – et de loin – est un domaine en principe inaccessible. Mais il nous est possible d’élargir les limites de notre conscient par la science et le travail et de pénétrer profondément dans l’inconscient quand nous nous résolvons non plus à « savoir », mais à « imaginer ». Hardi, mon beau docteur Faust ! le manteau est prêt pour l’envol ! En route pour l’inconscient… »
Amitiés à Héla et à toi,
Roland Fichet
LE DÉTAIL QUI TUE Le détail qui tue. Le tout petit détail
qui tue. Tout roule et bing ! un petit détail, mais un détail
qui fait mal, très mal, le genre de détail qui braque, qu’on
ne laisse pas passer, qu’on ne peut pas laisser passer. Craquement
subit, effondrement au plus intime, des mois de cristallisation amoureuse
qui font plouf ! Des mois de douceur calculée, de caresses tirées
au cordeau, de déclarations stupides, de défonce sexuelle,
d’investissement physique et spirituel : plouf ! Irréparable
!
Ça m’est arrivé sept fois. La dernière, c’était
à Bordeaux, dans une petite rue de Bordeaux. On marchait tranquilles,
on papotait, la fille me déclare tout de go : Tu ressembles à
Léopold Sédar Senghor. Et moi je ne sais pas qui c’est
Léopold Sédar Senghor. Putain les boules ! Léopold
Sédar Senghor : un nom de monstre … Je demande, suave le
plus que je peux : qui c’est ? Un noir, elle répond avec
un grand sourire. Et là, sans sommations, je lui flanque une grosse
baffe sur sa petite gueule blonde.
J’aime pas les noirs, je hurle, c’est pas parce que je suis
noir que j’aime les noirs, t’as compris, connasse ?
Et je me casse.
Voilà. Jamais revue, la nana.
J’ai commencé à lire les bouquins de Léopold
Sedar Sanghor. Sublime !
J’ai sa photo avec moi. Dans mon portefeuille.
Tenez, regardez. Vous trouvez que je lui ressemble ?