Newsletter Anatomies
 
   
#8 NEWSLETTER  16 MARS 2009
« Anatomies 2009. Comment toucher ? » est un spectacle du Théâtre de Folle Pensée, compagnie conventionnée, Saint-Brieuc, écrit et mis en scène par Roland Fichet, chorégraphié par Orchy Nzaba, compagnie Li-Sangha, Brazzaville.

// SANBRIEGCUT #8 // CE QUI M'ARRÊTE #8 // LA PIÈCE EN QUELQUES MOTS // TOUCHERS // CORPS, ACCORDS… // COMMENT NE PAS ÊTRE LARGUÉE // À TOUS CEUX QUI // UNE FEMME //

ÇA REPART À HUIT

Ils repartent à huit. Cette newsletter aussi. La newsletter précédente, celle qui accompagnait les créations et les représentations du spectacle « Anatomies 2008 », vous avait laissé (en plan) au numéro sept.
Ils repartent à huit en Afrique avec un spectacle qui a évolué : « Anatomies 2009. Comment toucher ? ». Nouvelle tournée dans onze pays : le Congo, la Guinée équatoriale, le Gabon, le Togo, la République centrafricaine, le Bénin, le Burkina Faso, le Niger, le Sénégal, la République de Guinée, le Mali. Durant les mois de mars et avril 2009 nous les accompagnerons avec cette newsletter qui reprend au numéro huit.

cliquer ici pour consulter les « cuts », anatomie poétique des villes où les spectacles Anatomies sont joués.

 CUT #8 – SAINT-BRIEUC 
 « Lui. – Esseuqueu j’te fais de l’effet ? Elle. – Beaucoup beaucoup d’l’effet  beaucoup beaucoup. » (Anatomies 2009. Comment toucher ? / dialogues de  couple )

CE QUI M'ARRÊTE #8   

Le 4 mars, pour qualifier la façon dont les acteurs-danseurs descendent vers le sol, Orchy Nzaba, chorégraphe d'Anatomies 2009. Comment toucher ?  emploie l'expression : « rythme d'atterrissage ». Pour passer en douceur de la station haute à la station basse il faut que les corps aient un « rythme d'atterrissage ». Cette expression ravit un pilote. Il y a véritablement un rythme d'atterrissage, une façon de conduire la juste décélération, la juste perte d'altitude (tout atterrissage est une chute contrôlée), d'amener l'avion jusqu'au bord du décrochage, pour effectuer sur la piste la jonction du sol et du ciel. Le rythme d'atterrissage — cet art de relier ciel et sol  est un point commun profondément partagé par les pilotes et les danseurs.

Alexandre Koutchevsky

© Théâtre de Folle Pensée

LA PIÈCE EN QUELQUES MOTS

La pièce Anatomies 2009. Comment toucher ? a pour sujet ce qui touche, ce qui nous touche, comment les corps se touchent ou ne se touchent pas. Elle commence par la phrase : « Personne ne me touche les pieds. C'est inhumain. » Elle finit par la phrase : « Ne me touche pas. »

Elle est divisée en quatre temps : le temps des regards, le temps des propositions, le temps des crises, le temps des ancêtres.

Les acteurs-danseurs, dans le premier temps, racontent leurs émotions sensuelles, dans le deuxième temps ils se draguent avec allégresse, dans le troisième temps ils expriment les bouleversements violents que vivent les corps qui aiment, dans le quatrième temps ils retrouvent en eux et autour d'eux la trace des ancêtres, ils retrouvent en eux et autour d'eux la peur du toucher qui tue.

Anatomies 2009. Comment toucher ? fait jouer ensemble le corps et la parole. Les acteurs-danseurs font vivre aux spectateurs leur voyage d'êtres humains que d'autres corps attirent, bouleversent, agressent.
Princia Jéarbuth Hervienne Biyela et Marie-Laure Crochant
© Théâtre de Folle Pensée

TOUCHERS

Ça vient du son. « Toucher » vient de « toccare » en latin, c'est une étymologie onomatopéique, c'est-à-dire qu'un son est à l'origine du mot, en l'occurrence c'est le son « toc », bruit de deux objets qui se cognent, qui est à l'origine du toucher. Du « toc » à la caresse le mot a fait du chemin.

Deux touchers. Dès la création du spectacle Anatomies 2008 en mars 2008 à Brazzaville, plutôt que de parler de « danse » et de « théâtre » nous avions préféré les mots « corps » et « paroles ». C'était une façon de réaffirmer que la question du corps ne se limite pas au champ de la danse, et que la question de la parole peut également devenir l'affaire des danseurs. La question « comment toucher ? », que nous avons posée comme fil rouge de ces nouvelles Anatomies 2009, découlait naturellement du premier spectacle de 2008. Elle a le mérite de relier corps et parole très directement. Le mot « toucher » permet d'embrasser à la fois le toucher physique – le contact d'un corps et d'un autre corps – et le toucher dans toutes ses connotations émotionnelles, psychiques, mentales. On pourrait ainsi grossièrement distinguer le toucher-contact et le toucher-mental, étant entendu que l'un et l'autre ont beaucoup de choses à se dire, ne cessent de s'influencer mutuellement.

Comment toucher ? Pour savoir comment toucher, il faut peut-être commencer par se demander comment ne pas toucher. Ou plutôt : comment faire sentir le toucher qui va venir ? L'intensité émotionnelle du toucher se joue pour une grande part dans l'ébullition imaginaire qui précède le contact physique. Sur scène, le regard et la lenteur des gestes sont les meilleurs traducteurs de cette ébullition intérieure.

Être touché. Il y a des membres, des parties du corps, qui semblent faites pour toucher, de manière plus évidente, ostensible, que d'autres. Elles s'offrent au contact. Mais le corps dans son entier est susceptible de toucher et d'être touché. C'est une des explorations du travail en cours : les contacts inhabituels, incongrus.

Et ça retourne au son. Ce qui relie physiquement le toucher-contact (physique) et le toucher mental (ce qui nous touche, nous marque, nous émeut), c'est le son. Le son nous fait vibrer physiquement (le tympan frémit d'ondes). Le son, quand il est voix ou musique par exemple, peut nous bouleverser, nous renverser. Le son ça touche.

Alexandre Koutchevsky

© Théâtre de Folle Pensée

CORPS, ACCORD, CONCORDANCE

Extrait d'un article de Mari-Mai Corbel publié sur le site Mouvement.net à l'occasion de la création, à La Passerelle Scène nationale de Saint-Brieuc, en mai 2008, du spectacle « Anatomies 2008 / Brazzaville - Saint-Brieuc »

[…] la question de l’autre est centrale, altérante, fertile, chez Roland Fichet. Qu’est-ce que l’autre ? Le corps pour soi ? l’étrangeté d’un individu ? ce qui ne nous appartient pas ? Tout ce qui ne va pas de soi et provoque un tremblement, une secousse, du côté du corps sensible, nous fait détecter de l’autre – ce dont l’Afrique, d’évidence, est porteuse, jouant pour l’Occident le rôle d’un miroir fantasmatique.

[…] Les Anatomies ont pour hypothèse que les corps disent quelque chose de leur temps, et, ici, Roland Fichet assimile très calmement la psychanalyse, sans en être ni envahi ni, comme d’autres auteurs, jaloux... Son projet est de montrer des corps secoués ; réagissant, aussi : pensant et désirant, oui. Les corps pensent en dehors de nos têtes, par eux-mêmes si l’on peut dire, et ils en savent même plus long que les têtes, sur certains sujets. Ils héritent des secrets, ils stockent des marques, ils grouillent d’un passé que nous ne connaissons pas. Il y a des fantômes. Une interprète (Monique Lucas), dont le visage est caché jusqu’à la fin, prend en charge cette figure larvaire, sans poids, d’un corps dépossédé de son histoire et finalement incapable de mourir, de se métamorphoser, de se passer et de passer. Le fragment « L’ancêtre dans la gorge » est charnière ; il est suivi d’une transe des interprètes qui représente une mutation identitaire à travers une réappropriation du soi, du corps propre. Tout le petit théâtre à l’italienne de Saint-Brieuc semble se mettre à trembler sous leurs pieds pris de trémulations. Alors le petit fantôme dévoile son visage et la représentation se termine, sur ce commencement, sur cette possibilité de (re)commencer.

Les corps, nous dit Roland Fichet, peuvent devenir des ateliers où s'inventent d'autres définitions de soi qu'identitaires et politiques. L'horizon de ces chantiers est vaste. Mais avant de réinventer nos indentités, il faudra décomposer, nous dit Roland Fichet, partes extra partes ce coprs métaphorique de nos identités, cette chair du désir ; il faudra mettre à plat nos parties ou nos désirs.Le titre du cycle – Anatomies – laisse entendre, avec un humour délicat, un sens érotique précis, d'une manière qui situe le désir ou l'érotique dans un au-delà du plaisir, comme la force qui met en mouvement la pensée de soi. […]

Mai-Mai Corbel – Mouvement.net

de gauche à droite : Aucarré Wankazi Rudolf Ikoli, Damien Gabriac, Marie-Laure Crochant, Princia Jéarbuth Hervienne Biyela
© Théâtre de Folle Pensée

COMMENT NE PAS ÊTRE LARGUÉE ? (PREMIÈRES RÉPÉTITIONS)    

Marie-Laure Crochant, actrice du spectacle Anatomies 2009. Comment toucher ?, ne jouait pas lors de la création en 2008 du premier spectacle. Elle a rejoint l'équipe en février 2009. Pas facile de s'intégrer à une équipe qui travaille déjà depuis plus d'un an sur les créations Anatomies.

C'EST TOUT NOUVEAU

Roland a beau vouloir me rassurer, « c’est tout nouveau le texte, c’est tout nouveau la forme », le fait est que ces trois corps-là, ces trois « danseurs-acteurs » là, autour de moi, Damien, Aucarré, Princia, ils ont déjà une histoire, un langage, une aisance communes.

Alors les « Toucher comment ? Avec  quel organe ? »*
Je suis étonnée, émue, angoissée aussi devant leur complicité, leur « fluidité » (c’est un mot qui revient souvent) ; fluidité des mouvements, des sons, inventions sonores, liberté et capacité d’improvisation énormes.
« Oh la la non mais vraiment oh la la… »

Respirer. Trouver  ma place. Ne pas douter… Ma ligne… Moi aussi, je peux je… (Re)trouver son corps, son rythme, sa façon à soi, d’être là avec eux, sa gestuelle, sa voie[x].

…  /
Marie-Laure Crochant et Aucarré Wankazi Rudolf Ikoli
© Théâtre de Folle Pensée
/ …

JE ME LANCE

Je me lance. Peut être plus lente, plus pataude, moins gracieuse que les autres. Après tout, ça colle avec mes textes. La femme-pygmée, c’est moi.
J’observe beaucoup, je copie, je vole… La légèreté et l’humour de Damien, la grâce et le regard profond de Princia, la force et la sérénité d’Aucarré.

J’écoute beaucoup aussi les mots d’Orchy, oui, je commence à comprendre, je n'ai pas besoin de technique pour danser, pas besoin de mouvements complexes pour chorégraphier : ici on interroge moins le rapport du théâtre à la danse que celui du corps à la parole et vice-versa. Qui de la poule ou l’œuf, de la parole ou du geste, le premier ? Qui influence/impulse/initie qui ? quoi ?
« Conscience ? Quelle conscience ? Conscience de quoi ? »

À ma grande surprise et au fur et à mesure du travail, je réalise que, contre toute attente, j’ai besoin de plus en plus de partir du corps avant de dire le texte. C’est assez nouveau pour moi et plutôt jouissif.
Cette sensation est aussi liée à l’écriture de Roland, dont on apprend chaque jour à trouver l’organicité, la rythmique interne, la « profondeur humaine » comme il dirait.

Je bloque encore sur la transe, pas facile, troublant. Y'a la transe-danse et puis y'a l’autre dit Orchy, la vraie.

Ce travail pose aussi de vraies questions d’acteurs, de théâtre. Qu’est ce qu’on donne à voir de notre intime ? Jusqu’où va-t-on dans ce dévoilement ? Jusqu’où on se laisse toucher ? Quel « jeu » laisse-t-on ? Quelles limites on se donne ? Pas de personnages, juste nous ? Trouver une figure tout de même. Trouver l’écart pour que le spectateur avant tout soit touché, se fasse un voyage sensible.

Orchy qui essaie de prononcer « dis-tan-cia-tion ». Serai-je la femme pygmée à la main droite qui décoll[nn]e ? « J’ai un ancêtre coincé-coincé dans la… main ? »

…  /
Marie-Laure Crochant et Princia Jéarbuth Hervienne Biyela
© Théâtre de Folle Pensée
/ …

APERÇU

Mais déjà tant et tant de sensations, d’images dans ma tête et mon corps. Aperçu :

• Nos 4 corps tournoyant tels des derviches tourneurs dans notre rituel du matin.
• L’odeur exquise de la peau noire de Princia.
• Le contraste extrême du corps d’Aucarré avec le mien.
• Les convulsions de Damien.
• Les fantômes et les arbres d’Orchy, 
• Les mots de Roland, « vous  êtes le paysage de celui qui parle ».
• Les retours attentifs et éclairants d’Alexandre, ses photos.
• Stanislas Nordey, Boris Charmatz, Clément  Rosset, Giuseppe Penone.
• Henri Michaux : « À 7 ans, je rêvais encore d’être agréé comme plante. »

Alors, « il faut bien que le corps exulte » dirait Brel… et il ne s’est pas gêné, dès qu’on y touche, il touche : Princia se retrouve avec un panaris énorme, Aucarré avec une vraie fausse crise de paludisme, Damien un passage nauséeux, moi des nuits blanches à répétition. Nuits blanches en vue d’Afrique noire ? Je ne sais. Qui ira verra.

* Extrait du texte Anatomies 2009. Comment toucher ? Ces phrases sont dites par Marie-laure Crochant dans le spectacle.

Marie-Laure Crochant

Roland Fichet et Orchy Nzaba
© Théâtre de Folle Pensée

À TOUS CEUX QUI   

À tous ceux qui nous accompagnent dans cette aventure théâtrale.
À tous ceux qui souhaitent des informations sur la création du spectacle Anatomies 2009. Comment toucher ?

Chers amis,

Les acteurs et danseurs congolais et français qui interprètent ma pièce Anatomies 2009. Comment toucher ? sont réunis ici, à Saint-Brieuc, depuis le 16 février. Orchy Nzaba, le chorégraphe du spectacle, nous a également rejoints. Nous répétons dans la toute nouvelle salle du Théâtre de Folle Pensée à l’intérieur du Carré Rosengart sur le port du Légué. Le 12 mars, nous serons à Brazzaville et le 18 mars nous jouerons la première d’une série de représentations qui nous conduira dans onze pays d’Afrique.

Anatomies 2008 / Brazzaville – Saint-Brieuc, la pièce que j’ai écrite en 2007 et début 2008 était construite comme un puzzle. Elle est née de travaux engagés avec des danseurs au Congo en 2006 et 2007. Pour composer cette partition de textes, j’avais pris appui sur quelques mots-sources : corps, ça, hospitalité, toucher, ancêtre.

Après les représentations de Brazzaville et de Saint-Brieuc en avril et mai 2008, j’ai voulu repenser la logique organique de cette pièce. Depuis la première résidence à Brazzaville  je suis aux prises tant sur la page que sur la scène avec une matière : les états de corps. L’exploration de ces états de corps a suscité l’écriture de quarante textes pour les danseurs et acteurs.

Cette fois encore mon désir était de me coltiner ces états de corps et de multiplier les angles d’attaque.

Le terme  de partition de textes que j’utilise depuis 2006 pour présenter les pièces proposées aux danseurs et aux acteurs traduit le souci que j’avais de laisser le jeu ouvert. Je mettais dans les mains des danseurs et des acteurs un jeu de textes que nous pouvions brasser comme un jeu de cartes. Nous avons pris beaucoup de plaisir à faire  fictionner ensemble ces textes, et à les agencer, à les distribuer différemment suivant les lieux et les contextes. (Je pense en particulier aux spectacles joués dans les cours de Brazzaville).

Le temps est venu d’un entrelacement plus serré des figures, des motifs, des rythmes. Le temps et le désir. Le temps et le désir de lignes de sens qui circulent dans toute la pièce et l’imprègnent d’un bout à l’autre.

…  /
de gauche à droite : Princia Jéarbuth Hervienne Biyela, Marie-Laure Crochant, Damien Gabriac, Aucarré Wankazi Rudolf Ikoli
© Théâtre de Folle Pensée
/ …

Quand je me suis remis devant ces Anatomies au mois d’août 2008, j’ai été très vite happé par une question : COMMENT TOUCHER ? Une question lumineuse. Voilà, me suis-je dit, la pierre de touche, peut-être même la pierre philosophale de ces Anatomies. Je me suis promené à l’intérieur de cette question, je me suis laissé inspirer par les expériences, les sensations, les recherches de ces trois années. J’ai écrit une pièce de théâtre.

Cette pièce ne renonce pas aux « éclats », c’est un dispositif qui articule des éclats noués par ces mots troublants : Comment toucher ? Je l’ai composée de façon à intensifier le jeu des résonances. J’espère que ce jeu de résonances fait vibrer toute la machinerie textuelle à partir des sens multiples que diffuse ce mot : toucher. La pièce est une désormais. Elle existe sur le papier, elle est de ce point de vue indépendante de sa représentation mais la façon dont elle est construite exprime une conception de sa représentation.

Avec Orchy Nzaba et les danseurs de la compagnie Li-Sangha, nous ne séparons pas la poétique du geste et la poétique du mot, au contraire notre désir (et notre effort) est de les tisser étroitement. La pièce témoigne de ce désir dans son écriture même.

Un corps en présence d’autres corps sur un plateau, est-ce du théâtre ? Est-ce de la danse ? Ne peut-on pour l’une et l’autre discipline parler d’une quête de l’art du corps ? La question : Comment toucher ? met sur la table le rapport à l’autre, le rapport à l’autre sur la scène et le rapport à l’autre au-delà de la scène. Bien sûr, tout le monde entend l’épaisseur  du mot toucher, tout le monde entend qu’on peut toucher par contact physique, qu’on peut aussi toucher de mille autres manières, qu’au bout du compte on est là pour toucher.

Pourquoi réunir sur un même plateau des Congolais et des Français ? Pourquoi des danseurs et des acteurs ? La réponse est dans cette volonté d’explorer toujours davantage le rapport à l’autre. Mettant sur la scène des corps chargés de « mondes » contrastés nous tentons d’ouvrir notre paysage mental, sensible, physique.

La culture nomade aime des mots comme mobilité, légèreté, disponibilité. Nous réalisons ce spectacle pour irriguer nos mots, nos gestes, nos attitudes de cette culture.

Bien à vous.

Roland Fichet – 1er mars 2009
Princia Jéarbuth Hervienne Biyela
© Théâtre de Folle Pensée

UNE FEMME (PRINCIA)   
Tu veux me toucher je le sens, je te connais de vue, depuis plusieurs mois tu rôdes dans les parages. Tu t’approches de moi chaque jour davantage.
Tu pourrais bricoler ta moto, cueillir des fruits, tailler des vêtements, sculpter des statuettes, vendre des voitures ou des machines, ce que tu veux c’est t’approcher de moi,  t’approcher tout près de moi,  ce que tu veux c’est me toucher, ce que tu veux c’est me pénétrer.
Qu’on me touche pour rien, non, je n’ai jamais aimé, qu’on me touche par jeu
je n’ai jamais aimé ça.
Tu peux venir
tu peux me toucher
tu peux venir en moi
mais ton corps va-t-il changer mon corps ?
Voilà ce que je te demande, voilà ce que d’abord je te demande : ton corps va-t-il changer mon corps ? Les gestes que tu vas faire vont-ils changer mon corps ?
Souvent les hommes passent sans laisser de traces, souvent les hommes passent et rien ne se passe.
Tes gestes, les gestes que tu vas faire vont-ils changer quelque chose
en moi
vont-ils me rendre plus femme ?
Tu veux venir en moi, oui, tu peux, tu peux venir EN MOI
mais attention à toi, attention !
Je ne te demande pas de me connaître je te demande de me transfigurer, de transfigurer mon corps. Mon corps attend de toi cela, si tu ne le lui donnes pas
je me vengerai.

(Roland Fichet, Anatomies 2009. Comment toucher ?)

© Théâtre de Folle Pensée, compagnie conventionnée
4 rue Jouallan / BP 4315 / 22043 Saint-Brieuc cedex 2
02 96 33 62 41 – www.follepensee.com
licence n° 2-1010979
Contact : Patrice Rabine, administrateur

Graphisme > Vincent Menu / lejardingraphique.com

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