Newsletter Anatomies
 
   
#10 NEWSLETTER  18 FÉVRIER 2010
« Comment toucher ? (Anatomies 2010) » est un spectacle du Théâtre de Folle Pensée, compagnie conventionnée, Saint-Brieuc, écrit et mis en scène par Roland Fichet.

// RÉSUMONS // LA PUISSANCE SEXUELLE // LA PLACE VIDE // NOUS SOMMES BÊTES ET MONSTRUEUX // LE TOUCHER SUSPENDU // LE CORPS HORS DE PORTÉE // TU SERAS UN ANGE-GARDIEN // LA FUREUR DE CARINA // DANS L'AVION //

COMMENT TOUCHER ? (ANATOMIES 2010)
DU 5 AU 20 MARS 2010 AU THÉÂTRE DE L'EST PARISIEN…

Comment toucher ? (anatomies 2010), écrit et mis en scène par Roland Fichet, a été créé au Théâtre National de Bretagne durant la première quinzaine de janvier. Du 5 au 20 mars 2010, le spectacle est joué au Théâtre de l’Est parisien.

Ce spectacle succède aux Anatomies 2008 et 2009 représentées à Saint-Brieuc et dans dix pays d’Afrique. Il condense donc un geste d’écriture et de théâtre qui mobilise le Théâtre de Folle Pensée pour la quatrième année consécutive.

 
De gauche à droite : Manuel Garcie-Kilian, Nina Nkundwa.
© Christian Berthelot

Représentations au Théâtre de l’Est parisien du 5 au 20 mars 2010
ven 5 mars
à 20h30 /// sam 6 mars à 19h30
jeu 11 mars à 19h30 /// ven 12 mars à 20h30 /// sam 13 mars à 19h30
jeu 18 mars à 19h30 /// ven 19 mars à 20h30 /// sam 20 mars à 19h30
159 avenue Gambetta 75020 Paris (durée : environ 2h)
Réservations : 01 43 64 80 80
Production : Théâtre de Folle Pensée, Saint-Brieuc, en coproduction avec le Théâtre National de Bretagne, Rennes.

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cliquer ici pour lire les pages « Anatomies 2008 ».
 
De gauche à droite : Chantal Reynoso, Anne-Sophie Sterck, Damien Gabriac, Manuel Garcie-Kilian, Laurent Cazanave.
© Christian Berthelot

RÉSUMONS 

Comment toucher commence dans un village du Congo, Maty-Ougourou.
Niang Saho, le chef d’une bande de rebelles, a été trouvé mort un soir
dans un petit bois et transporté dans une cabane de forestier. Mais à
l’aube, son corps a disparu. Est-il vraiment mort ? Ariane-Sylvie Sutter,
Carina Rosquera, Dino Galice, Michaël Guür Keromnès, Esther Ikoli,
Swana/Lou, Zo/Kris se divisent et se séparent.

En pleine guerre intestine, Niang Saho a fondé à Maty-Ougourou une
commune libre. Il veut mettre ses pas dans ceux de Che Guevara, présent
au Congo en 1963 et auteur de Passages de la guerre révolutionnaire : le Congo. Mais bouleversé par son rapport aux ancêtres et aux
femmes qu’il ne peut pas toucher, Niang Saho va devenir à Lagos,
au Nigeria, un ministre de la parole d’un tout autre type.

De gauche à droite : Manuel Garcie-Kilian, Damien Gabriac, Nina Nkundwa.
© Christian Berthelot

LA PUISSANCE SEXUELLE  

Note extraite du Carnet de mise en scène de Roland Fichet (consultable sur le site du Théâtre de Folle Pensée : cf. lien ci-dessous).

Comment toucher ? (Anatomies 2010) s’ouvre sur une déchirure : la commune libre de Maty-Ougourou explose. Elle s’est constituée sur l’utopie d’un accord politique et physique entre les corps, qu’ils soient africains, français, sud-américains ou venus du ciel. Elle s’est constituée pour mener sa guerre au sein de la guerre.

Les membres du groupe, à la recherche d’un unité perdue (entre l’homme et la femme ? entre l’Afrique et la France ?) sont stoppés dans leur élan, dispersés, disjoints par une fêlure, une irréductible fêlure. Cette fêlure est manifeste. Cette fêlure c’est l’écart entre la main d’Ariane-Sylvie Sutter et le corps de Niang Saho.

Cette fêlure c’est l’impossible contact, l’impossible « toucher ». Cette fêlure est lovée dans la question : Comment toucher ? Cette fêlure est visible sur le grand masque sacré dont parle Niang Saho dans son livre LE MASQUE FÊLÉ.

Qu’est-ce que la puissance sexuelle ? Tous les personnages sont en quête de cette puissance sexuelle, de leur puissance sexuelle. Tant qu’ils ne l’auront pas conquise, ils ne se sentiront pas totalement incarnés. Ils sont sur le chemin de la puissance sexuelle, signature de l’incarnation.

Roland Fichet

cliquer ici pour lire l'intégralité du Carnet de mise en scène.

 
Anne-Sophie Sterck.
© Christian Berthelot

LA PLACE VIDE 

Note extraite du Carnet de mise en scène de Roland Fichet (consultable sur le site du Théâtre de Folle Pensée : cf. lien ci-dessous).

Il y a un corps qui manque. Ils tournent tous autour de ce vertige : il y a un corps qui manque. Ils sont aspirés par ce corps qui manque, par ce manque, ils partent à sa recherche.

Glissements et passages :

1 – Il y a un corps qui manque.
2 – Le corps manque.
3 – Nous manquons de corps.
4 – Nous nous battons pour devenir un corps.

La place vide : le corps.

Comment toucher ? est la traduction délicate d’une autre question : Comment devenir un corps vivant ?

Devenir un corps vivant ; se mouvoir sur toute cette étendue. Habiter cette étendue : le corps dans tous ses plis, ses énigmes, ses infinis.

R.F.

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Damien Gabriac.
© Christian Berthelot

NOUS SOMMES BÊTES ET MONSTRUEUX 

Extrait d'une lettre écrite par Damien Gabriac, acteur, assistant à la mise en scène, à l'intention des interprètes de Comment toucher (la lettre intégrale est consultable sur le site du Théâtre de Folle Pensée : cf. lien ci-dessous).

Nous sommes bêtes et monstrueux. Tout simplement. Que faire à présent ? Nous cherchons à vivre (à nous perdre, à notre âge…) dans le présent. Dans chaque chose. Chaque toucher. Nous sommes venus pour Toucher. Tout. Tout Toucher. Les voyages, la terre. Les femmes, les hommes. Rencontrer ce monde. L’Afrique, l’Europe.

Qu’est-ce que ça veut dire ? Juste des gens et gestes. Des gens. Du travail. Partager du temps. Se regarder dans les yeux. Se sentir proche. Étranger. S’aimer. Voilà. S’entrechoquer. Prendre du temps. S’en donner. En perdre. Beaucoup, au nom de l’ensemble des noms. Vouloir vivre ensemble. En communauté.

Ah ah la communauté… « Nous sommes au XXIème siècle et au XXIème siècle il n’y aura que des individus… » La communauté, le temple du temps que l’on ne prend plus, que nous n’avons plus envie de prendre, de perdre, c’est comme ça. Même pas de nostalgie pour ce mot épuisé, qu’il meure, qu’on l’enterre une bonne fois pour toute. Nous aimons trop le temps aujourd’hui, à quoi bon souffrir une autre époque ? Nous avons 25 ans quoi ; et nous disons « quoi » à la fin et au milieu de nos phrases. Avant nous disions « voilà TOUT ».

Renvoyons cet ancêtre totalitaire et sa voix là, dans son jadis où la révolution était possible. Nous, nous disons « quoi » pas « voilà tout » ; car… nous ne savons plus quoi, nous n’avons plus d’armes pour nous sauver quoi. Quoi ? Retourner en guerre dans l’invisible ? Nous ne savons pas nous battre aveuglement, nous ne croyons plus. […]

Damien Gabriac

cliquer ici pour lire la suite de cette lettre.

 
Anne-Sophie Sterck.
© Christian Berthelot

LE TOUCHER SUSPENDU  

Note extraite du Carnet de mise en scène de Roland Fichet (consultable sur le site du Théâtre de Folle Pensée : cf. lien ci-dessous).

Tant de choses se jouent là dans cette suspension du toucher ; tant de pulsions, d’impulsions immobilisées, retenues, brisées au dernier moment ! La pièce fonctionne à partir  de cette énigme : l’effroi que produit sur moi le corps de l’autre au moment où je vais le toucher.

L’effroi, oui l’effroi.

La charge de désir n’en est que plus forte, puissante. Le désir n’en est que plus insoutenable. Chaque duel dans la pièce est un corps à corps, une danse, un combat dans le style des arts martiaux chinois stylisés. Jamais les deux corps des combattants (amoureux) ne se touchent. Quand l’un parvient à toucher l’autre deux issues : le don total du corps ou la mort.

Les corps dansent leur désir au plus près de la peau mais ne se touchent pas. Chacun déploie les ruses les plus subtiles, les plus audacieuses pour atteindre le corps de l’autre, pour le toucher, pour s’en saisir mais quelque chose de puissant le retient au moment de franchir la frontière.

L’événement, le franchissement de l’interdit : le contact.

R.F.

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De gauche à droite : Nina Nkundwa, Damien Gabriac.
© Christian Berthelot

LE CORPS HORS DE PORTÉE 

Note extraite du Carnet de mise en scène de Roland Fichet (consultable sur le site du Théâtre de Folle Pensée : cf. lien ci-dessous).

Comment représenter la violente pulsion des corps les uns vers les autres ? Comment représenter la contention dans les corps, le refoulement de plus en plus insoutenable de cette pulsion ?

Par la violence de Dino Galice. La crudité brutale des mots qu’il emploie exprime à quel point il n’en peut plus. Il va craquer, il va tout faire péter, s’il faut aller jusqu’à la trahison, il ira.

Par la sensualité en déshérence de Ariane-Sylvie, de Carina, de Michaël. Corps ivres de sensualité contenue cherchent où déverser les flux qui les submergent.

Par la lumière qui irradie le visage d’Ariane. Elle s’est sentie appelée. Il m’a appelée et nous allons nous aimer. Nous allons nous donner mutuellement un corps.

Par la fureur de Carina qui n’attend plus qu’une chose : liquider la communauté, être débarrassée d’Ariane et de tous les autres, sortir de toutes ces « salades » qui l’exaspèrent, prendre enfin possession de son royaume.

R.F.

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De gauche à droite : Laurent Cazanave, Marie-Laure Crochant.
© Christian Berthelot

TU SERAS UN ANGE-GARDIEN  

Note de répétition écrite par Marie-Laure Crochant, actrice (la note intégrale est consultable sur le site du Théâtre de Folle Pensée : cf. lien ci-dessous).

C’est quoi un ange-gardien ?  C’est qui ? Un être de chair et d’os ? Un pur esprit ? Un double ?

Ma tête, pleine de questions aux premières lectures de ces nouvelles Anatomies Moi, qui partais pour la droite ligne de ce que nous avions commencé en Afrique lors des Anatomies 2009.  Moi qui jouais Marilor tout simplement dans cette version l’an dernier. Moi qui disais à tous ceux qui voulaient m’entendre que « toute la mer était en moi », je pensais partir avec un peu plus d’aplomb, de certitude sur le « Comment toucher » en 2010.

Que nenni ! Nouvelle équipe, nouveau texte, nouveau voyage, plus spirituel que géographique cette fois, métaph… Troublante sensation dans cette quête du toucher de devoir repartir sans cesse de zéro dès que le (con)texte change mais passionnante en même temps et obligeant à réinterroger tous ses (petits) acquis.

Et puis changement de statut surtout. En 2010 bizarrement, la toute petite personne que je suis est aussi la plus ancienne de l’équipe, « l’ancêtre » comme je me surnomme, et mon personnage, le moins incarné a priori, bien que Roland insiste dès le départ pour dire que ses anges (nous sommes 2, Laurent et moi à avoir cette fonction) sont des anges « physiques », le plus mystérieux peut être au niveau de ses enjeux.

En 2010 donc je m’appelle Swana/Lou et c’est sans doute parce que, comme mon acolyte Zo/Kris, je suis bipolaire. […]

Marie-Laure Crochant

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Chantal Reynoso.
© Christian Berthelot

LA FUREUR DE CARINA  

Note extraite du Carnet de mise en scène de Roland Fichet (consultable sur le site du Théâtre de Folle Pensée : cf. lien ci-dessous).

J’aime la fureur de Carina. Elle est dans un tel état de fureur qu’elle danse comme une folle. C’est sa première phrase : « J’ai dansé toute la nuit ». Elle a raté Che Guevara. Elle vivait en Amérique Latine, mais elle est née trop tard.

Elle est venue à Maty-Ougourou pour poser sa main sur le visage de Niang Saho, encore raté ! L’auteur du Masque fêlé ne cesse de se retirer ; il esquive, s’éloigne, échappe : « Ne me touche pas ».

Ça la met en fureur. Elle se sent physique, elle se sent sexuelle, ici et maintenant. Elle a un corps, elle est un corps, ce corps veut s’ouvrir à tous les possibles, visibles et invisibles, à toutes les voluptés, physiques et métaphysiques. ici c’est bon ici je me sens sexuelle.

L’excès est dans la nature de Carina.

R.F.

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De gauche à droite : Manuel Garcie-Kilian, Damien Gabriac, Nina Nkundwa.
© Christian Berthelot

FICTION 
DANS L’AVION. VOL KINSHASA-YAOUNDÉ. CINQUIÈME JOUR. NUIT.
En entendant la phrase dite à voix haute par Michaël, une jeune femme a sursauté. Elle s’est dressée, les a regardés. Dino Galice réagit le premier. Il change de place, s’installe à côté de la jeune Africaine.
  
DINO.– Vous m’avez reconnu.
  
JEUNE AFRICAINE (ESE HODJI).– Reconnu ?
  
DINO.– C’est moi.
  
JEUNE AFRICAINE (ESE HODJI).– Vous êtes un peu ivre, non ?
  
DINO.– Vous avez tressailli.
  
JEUNE AFRICAINE (ESE HODJI).– Ce n’est pas vous qui m’avez fait tressaillir.
  
DINO.– Vous ne savez pas qui je suis ? Et sous ce profil ? Pas davantage ?
  
JEUNE AFRICAINE (ESE HODJI).– Si je vous connaissais, je me ferais du souci pour vous.
  
DINO.– Oh, bien aimée, tu me renies, tu me regardes et tu ne me reconnais pas, quelle douleur ! T’ai-je maltraitée, ma bien-aimée, mon âme, pour que tu me rejettes ainsi ? C’est toi, c’est toi dans toute ta magnificence, où étais-tu partie ? Oh, dans quel chagrin ton départ m’a précipité, oh si tu savais ! Tu es là, je peux tout comprendre, ne dis rien, tu es là, splendide ! Depuis que tu m’as quitté, je me suis traîné de pays en pays, pauvre débris, mais tu es là. Comment vivre sans toi, incarnation ? Tu es là, incarnation de mon… de mon… de mon…
  
JEUNE AFRICAINE (ESE HODJI).– Vous êtes clown ?
  
DINO.– Mon ami est funambule. Il a tendu un fil entre les deux continents et il a marché sur ce fil, très à l’aise, Europe, Afrique ; Afrique, Europe.
  
JEUNE AFRICAINE (ESE HODJI).– Très excitant, vous me le présentez ?
  
DINO.– Deux continents comme deux tours de Babel. Europe, Afrique ; Afrique, Europe. Et un fil tendu entre les deux
  
La jeune femme tente de se lever pour rejoindre Michaël. Dino la bloque.
Toutes les lettres que je t’ai envoyées, ne les as-tu pas reçues ?
  
JEUNE AFRICAINE (ESE HODJI).– Pardonnez-moi…
  
DINO.– Toutes les femmes, je claque des doigts et hop elles me sautent dans les bras…
  
JEUNE AFRICAINE (ESE HODJI).– Pardonnez-moi, je voudrais…
  
DINO.– mais c’est toi, ma chérie que je désire.
  
JEUNE AFRICAINE (ESE HODJI).– Arrêtez votre cirque, je vous en prie.
  
DINO.– Je blanchis.
  
JEUNE AFRICAINE (ESE HODJI).– Vous blanchissez ?
  
DINO.– Je blanchis les femmes.
  
JEUNE AFRICAINE (ESE HODJI).– En Suisse ?
  
DINO.– Au Nigeria. Je blanchis la peau des femmes noires.
  
JEUNE AFRICAINE (ESE HODJI).– Vous faites trop de bruit. […]

(Roland Fichet, Comment toucher, à paraître aux éditions Théâtrales en mars 2010)

© Théâtre de Folle Pensée, compagnie conventionnée
4 rue Jouallan / BP 4315 / 22043 Saint-Brieuc cedex 2
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licence n° 2-1010979
Contact : Patrice Rabine, administrateur

Graphisme > Vincent Menu / lejardingraphique.com

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