Newsletter Anatomies
   
   
#6 NEWSLETTER  26 MAI 2008
« Anatomies 2008 / Brazzaville – St-Brieuc » est un spectacle du Théâtre de Folle Pensée, compagnie conventionnée, St-Brieuc, écrit et mis en scène par Roland Fichet en collaboration avec le chorégraphe Orchy Nzaba, compagnie Li-Sangha, Brazzaville.

// BRAZZACUT #6 // CE QUI M'ARRÊTE #6 // ENTRETIEN AVEC GEARBUTH BIYELA // À CHACUNE DES ACTRICES-DANSEUSES ET CHACUN DES ACTEURS-DANSEURS DE ANATOMIES 2008 // ZONES ÉROTIQUES //

SIX SUR DIX ET LA PREMIÈRE DEMAIN

Sixième livraison de la Newsletter Anatomies 2008. Premiers filages au Petit théâtre de La Passerelle scène nationale de Saint-Brieuc. Première mardi 27 mai, représentations les 27, 28 et 29 mai 2008.

Vous pouvez consulter « Brazzacut », anatomie poétique de Brazzaville en dix livraisons, sur le serveur du Théâtre de Folle Pensée en cliquant ici.

 CUT #6 – BRAZZAVILLE 
 « Faut pas saucissonner, trier, couper la poire en deux ou en six. » (Anatomies
 2008 / Ça mon corps / Zones érotiques
)

CE QUI M'ARRÊTE #6   

Jeudi soir, dans le petit théâtre à l’italienne de Saint-Brieuc, nous accueillons aux répétitions un groupe d’élèves d’un lycée de Josselin. Ils sont une quinzaine assis au premier balcon avec leurs professeurs. Une des séquences se déroule ainsi : Jeanne François, adossée au bord de la scène, se retourne et s’adresse aux interprètes qui exécutent une série de gestes sur le plateau : « Aucarré, comment on dit cul en breton ? » Mais Aucarré ne sait pas et l’auteur/metteur en scène aimerait qu’on entende la réponse. Comment on dit cul en breton ? La question est lancée aux Josselinois attentifs au balcon. Conciliabule, murmures. Quelques secondes plus tard la professeur lance : « Revr ». Revr ? Revr. Tout le monde reprend revr en s’efforçant de respecter l’accent tonique ; sur le plateau, Français et Congolais se lancent des revr, la salle bruit de revr. Avec son accent congolais Aucarré reprend ce cul breton en boucle, l’intègre à ses gestes dansés.

Alexandre Koutchevsky

Princia Gearbuh Hervienne Biyela
© Jimmy L'Américain

ENTRETIEN AVEC GEARBUTH BIYELA    

Une terrasse au soleil, une petite table en verre, deux fauteuils stylés, un micro. On se croirait presque au festival de Cannes.

ANATOMIE D'UN NOM

Je m’appelle Princia Gearbuth Hervienne Biyela. Je n’ai pas vraiment eu le temps de demander à mon papa d’où venaient mes prénoms, c’est lui qui me les a donnés. Mon père s’appelait Prince, mais ce n’était pas vraiment son prénom, c’était un sobriquet. Il s’appelait en fait Nzaba Bernard. Je suis l’aînée, j’ai sept frères et sœurs. Un de mes frères s’appelle Nzaba Prince, Prince Detmer, il est danseur également.

Gearbuth je ne sais pas d’où ça vient, mais c’est de l’anglais, alors j’imagine que c’est « quelque chose qui germe avec but ». Comme une plante qui pousse, tendue vers un objectif. Hervienne, je ne sais vraiment pas du tout d’où ça vient. Princia je n’aime pas trop ; ce qui me parle le plus c’est Gearbuth, j’adore ce prénom. Les gens m’appellent Princia mais je préfèrerais qu’on m’appelle Gearbuth. Seulement, on me connaît sous le nom de Princia, Princia c’est populaire. Je n’ai pas de nom d’artiste comme les garçons*. Biyela c’est le nom de la mère de mon père. Un jour j’ai demandé à ma grand-mère ce que ça voulait dire ; elle m’a dit que « Biyela » ça désignait les fruits mûrs. « Biyela » c’est le fruit qui est bon à manger. Gearbuth Biyela, en fait ça va bien ensemble.

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© Christian Berthelot
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PARCOURS

Mon père animait un groupe de percussions, c’était un groupe familial. Il avait une nièce qui a commencé à battre le tam-tam à l’âge de 5 ans, elle s’appelle Mabonzo Dedina. Elle est devenue une joueuse très connue. Au Congo, elles ne sont que deux à être devenues de grandes joueuses de percussion. Ce groupe a été fondé en janvier 1994. À cette époque j’étais à l’école et les musiciens répétaient à la maison, dans la cour. De temps en temps j’étais là, je regardais. C’est mon père qui m’a fait franchir le pas, il m’a poussée à apprendre la percussion, il ne voulait pas que je ne sois qu’à l’école, il tenait à ce que j’apprenne autre chose.

Je suis entrée dans le groupe en 1996, j’avais 15 ans. Cette année-là nous avons participé à la Foire internationale de Lyon. En 2000, j’ai intégré le groupe de danse percussion de Léonard. C’est là que j’ai fait mes premiers pas en danse contemporaine. Le chorégraphe s’appelait Boris Bouetoumoussa Nganga Tanguy. À partir de ce moment, j’ai arrêté la percussion. Je trouvais que ça durcissait le corps, mes mains devenaient dures. Pour une femme avoir les mains dures ce n’est pas très bien. Je trouvais que la danse convenait mieux à mon corps. J’ai fait beaucoup de danse traditionnelle. Pour moi la différence avec la danse contemporaine c’est que cette dernière impose une conscience aiguë de chaque mouvement. Il me semble que la danse traditionnelle repose plus sur des gestes que sur des mouvements. Et puis la danse traditionnelle s’appuie presque toujours sur de la musique (balafon et tam-tam). Je peux faire de la danse contemporaine sans musique.

En ce moment, je me sens en progression. J’apprends, je sens vraiment que certains de mes mouvements ne sont pas encore totalement aboutis et que je peux les préciser. Avec le chorégraphe Philippe Ménard j’ai appris beaucoup de choses : comment créer des mouvements, comment occuper l’espace. C’est la même chose avec Orchy** depuis qu’on fait des ateliers de recherche à Brazza. Avec Orchy j’apprends notamment à avoir conscience des mouvements que je peux faire sur la scène. Il nous parle beaucoup, nous dit toujours qu’il faut oser, proposer des choses.

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© Christian Berthelot
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LA DÉCOUVERTE DU TEXTE

La grande découverte pour moi sur Anatomies 2008 c’est d’associer texte et danse, je n’avais jamais fait ça. Après la représentation à Brazza*** beaucoup de gens qui me connaissaient comme danseuse étaient très impressionnés par le fait de m’avoir vue dire du texte, me transformer en comédienne.

Il faut dire que j’ai vraiment du mal à dire le texte. En général j’ai l’impression que les mots passent comme ça, sans s’arrêter. Je ne comprends pas tout de suite le sens et je n’ai pas le réflexe de me poser des questions sur les textes. Si je ne comprends pas, ça ne me dérange pas vraiment. À Brazza, Damien**** et moi avons beaucoup travaillé sur le texte, à la fois sur le sens et la diction. On allait sur la terrasse du Centre Culturel Français et là on pouvait hurler, il me faisait articuler les sons très fort pendant de longs moments. C’était formidable. C’est comme dans un groupe de chant, on prenait le texte comme une partition, on s’échauffait la voix puis on faisait des exercices d’articulation et de volume.

De mon côté, je lui ai transmis quelques mouvements de danse comme la marche contrainte du pied tenu par la main, que nous avons faite dans la séquence des Pieds. Travailler les regards, les marches, c’est aussi danser.

Le début du spectacle, quand nous sommes tous ensemble dans la boîte, me plaît beaucoup. La respiration que nous faisons alors en même temps avec les amis me touche énormément. La séquence des Pieds que nous avons faite à Brazza m’a énormément plu. Surtout le moment où nous sommes joue contre joue face public au bord de la scène avec Damien. En fait, ce qui me plaît le plus dans ce travail, ce sont tous les moments de contact entre nous, surtout quand on se parle. J’adore les dialogues entre nous, le jeu des réponses.

Depuis que je suis danseuse je me retrouve toujours la seule fille dans les groupes. En fait ça me donne envie de beaucoup bosser. Danser avec les garçons c’est très stimulant, ça me fait du bien. La force des garçons et des filles n’est pas pareille, quand je dois suivre leurs enchainements c’est parfois très physique, ça va vite. Travailler avec les hommes me fait plus avancer que dans mon groupe de danseuses à Brazza. Il n’y a pas de femme chorégraphe à Brazza. J’aimerais vraiment être la première, même si je sais que ce n’est pas facile, il faut du temps.

* Les danseurs de la compagnie Li-Sangha ont presque tous un nom d’artiste.
** Orchy Nzaba chorégraphe d’Anatomies 2008.
*** Représentation d’Anatomies 2008 au CCF de Brazzaville le 10 avril 2008.
**** Damien Gabriac, comédien d’Anatomies 2008.

Propos recueillis par Alexandre Koutchevsky

© Christian Berthelot

LETTRES DE SAINT-BRIEUC   

Lettre n°5, adressée à chacune des actrices-danseuses et chacun des acteurs-danseurs de Anatomies 2008 / Brazzaville – Saint-Brieuc.

Salut à toi,

Tu nous as vus chercher avec toi des trajets, des rythmes, des états, des enlacements de gestes et de mots, des combinaisons de corps et de paroles. Tu nous as vus, Orchy, Alexandre et moi tisser avec vous des rapports et des lignes de sens sur le plateau, parfois tranquillement, parfois dans la difficulté. Vos corps d’acteurs et de danseurs sont mus par des désirs, des sensations, des puissances qui ont produit ce champ de forces auquel nous donnons une forme jour après jour. Nous faisons à chaque répétition l‘expérience de l’altérité crue. C’est ce que nous voulions en invitant sur cette scène des artistes porteurs de petits mondes irréductibles. L’identité géographique, nationale, n’est pas ici le critère d’étrangeté. Toi, Flora, tu n’es pas moins étrange, pas moins étrangère que Princia. Le corps intime de l’une et l’autre diffuse sa lumière et son obscurité. Il ne peut être capturé en totalité dans le filet des mots et des gestes. Et c’est heureux.
N’hésitez pas à densifier votre différence. Elle garantit la force de cette proposition théâtrale et chorégraphique.

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© Christian Berthelot
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Anatomies 2008 / Brazzaville – Saint-Brieuc se déroule en huit temps. C’est un livre de huit pages : 1. Personne ne me touche 2. Pour dire je t’aime il faut 3. Pieds 4. Sque ? + duos 5. Gestes 6. Les ancêtres 7. La danse tellurique 8. Fragments de biographies des interprètes.
La complexité du contact physique, ce qui l’affecte et le met en jeu, se déplie en particulier pendant les quatre premières séquences. La séquence 5 s’étonne, s’éblouit du magnétisme du corps en mouvement, en gestation de gestes, de l’ineffable du geste humain, des secrets que le geste permet de pressentir. Vous multipliez les corps. Ils surgissent de vous, de vos anatomies, de vos postures, de vos mouvements, de vos gestes. La séquence 6 déchire le temps, nous relie aux habitants du temps en nous, aux ancêtres et aux gestes rudimentaires, elle débouche sur la danse des origines (séquence 7). La séquence 8 dépose avec douceur un nom et un fragment d’histoire sur le corps de chaque interprète. Chaque interprète prend corps d’une façon nouvelle, ouvre ainsi une autre dimension du corps, un autre chant du corps. Il ou elle se présente, donne son nom avant de se fondre dans la foule comme après une conversation.

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© Christian Berthelot
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Je t’écris cette lettre pour revenir sur l’expérience du contact ou plutôt l’expérience de la difficulté du contact. La difficulté du contact avec mon propre corps, avec le corps d’autrui, avec le corps hérité, avec le corps commun est un des fils rouges d’Anatomies 2008 / Brazzaville – Saint-Brieuc. Le 15 mai dans la salle de répétition, j’ai introduit l’exploration d’un rapport entre les corps, rapport appuyé dans mon esprit sur la phrase : « Ne me touche pas ». Ma piste de recherche : l’écart, le retrait, l’évitement, le dérobement. Je vous ai proposé de construire des feintes de corps, des dribbles, des contre-pieds, des ruses de mouvements, des élans contrariés. Orchy vous a poussés à développer vos premiers essais à partir d’un jeu congolais : le lipato. Vous êtes de nouveau passés par la respiration, le suspens du geste, l’interruption, la reprise, la charge d’un corps qui se retient, la charge d’un corps qui désire (les « sque », les duos…). Cette séquence de travail a soulevé une ligne de sens qui travaille la première partie de la pièce (pièce de théâtre et pièce chorégraphique) : l’élan contrarié. Elle a déployé sa dimension comique. Le corps exprime le trouble que le rapport à lui-même et à l’autre suscite en lui par ses respirations, par ses élans retenus, stoppés en plein vol, brisés, détournés, retournés, transformés.
Ce peut être drôle, émouvant, violent.
Quelquefois quand je te parle sur le plateau tu m’interromps d’une phrase : « Je ne comprends pas ce que tu dis. » Je vis à ce moment-là l’élan contrarié. Ma parole s’élance vers toi, tu la bloques, tu l’immobilises et tu me la renvoies. Tu as raison de le faire, tu m’obliges ainsi à trouver une feinte de mots ou une feinte d'esprit. Il y a des feintes d'esprit comme il y a des feintes de corps. Tu m'obliges ainsi à tenter de toucher à l'endroit où je n'ai pas su te toucher, à basculer dans un autre registre, une indication physique, par exemple.

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© Christian Berthelot
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Aujourd’hui, à quatre jours de la première, je vais tenter de donner un peu plus de consistance à cette notion d’élan contrarié, je vais tenter de l'approcher à travers une série d’adresses à l’actrice-danseuse, à l’acteur-danseur que tu es.
Ces adresses prennent appui sur les textes d’Anatomies 2008 / Brazzaville – Saint-Brieuc.

Ton propre corps se dresse à l’intérieur de toi et se plaint. (Personne ne me touche… Mes pieds, touche mes pieds, touche, mes pieds n’ont pas-tu entends ? – n’ont pas – tu entends ? – n’ont pas fait l’amour. Zones érotiques, Quelles zones ?)

Tu ressens le corps de l’autre comme hors d’atteinte. (Pour dire je t’aime il faut beaucoup de talent.)

Ton propre corps bégaie et te trahit. (Je te ai…me…meu…meu…)

Tu ne sais pas parler la langue de l’autre. (Vous savez comment on dit je t’aime en allemand ?)

Ce que l’autre te demande tu ne le comprends pas. (A – Tu pleures ? B – Ce geste, je ne le sens pas, je sèche.)

Tu ne sais pas voir les réactions du corps de l’autre. (Sque j’te fais d’l’effet ?)

Les gestes de l’autre t’attirent mais comment les capter ? (Tu connais mon nom ?)

L’autre est un voleur. (Rends moi le geste que je t’ai donné.)

Tu es stupéfait par ce qui habite ton propre corps, par ceux qui l’habitent. (J’ai un ancêtre coincé ans la gorge.)

Tu constates qu’il y a guerre dans les corps, entre les corps mais aussi à l’intérieur des corps. (J’ai un ancêtre coincé dans la gorge.)

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© Christian Berthelot
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Sur ce versant du spectacle, on peut sans doute avancer des mots comme : étonnement, stupeur, comédie. L’échec du contact déséquilibre le corps, le désarticule, le rend comique, le rend étonnant, émouvant. Et sur l’autre bord chaque contact est un coup, ce qui met aussi le corps en déséquilibre. Il y a une zone très sensible (et source de comédie profonde) entre ton corps et celui de l’autre. Je pense à une phrase de Jean-Luc Nancy, dans Noli me tangere, je crois : « Il y a un troisième sexe, c’est le sexe qui circule entre deux corps quand ils ne peuvent se toucher. » Les vêtements que nous avons choisis sur la scène d’Anatomies suggèrent aussi par moments ce troisième sexe. Tu luttes avec le chaos du corps, tu le rends manifeste par les états de corps que tu produis. (Les deux danses qui mettent le corps en vibrations intenses au début et à la fin du spectacle.)

Sur l’autre versant tu jettes ton corps dans la lumière, tu captes la lumière du corps de l’autre, l’autre t’apparaît, tu le vois. (La série des gestes… Le geste du vieux paysan qui regarde ses mains debout dans un champ du nord du Congo.)

Sur l’autre versant tu articules ton corps avec le corps de l’autre et vous regardez ensemble le mouvement d’une robe qui ondule.

Sur l’autre versant tu accueilles l’étrangeté de ta vie. Tu parles de toi avec douceur. (Les micro biographies – Les noms.)

Cet autre versant produit aussi ses figures de théâtre et de danse sur notre scène. Nous l'arpentons ces derniers jours.

Avec toi,

Roland Fichet
Vendredi 23 mai 2008

© Christian Berthelot

UNE FEMME (ZONES ÉROTIQUES)   
Zones érotiques ? Quelles zones ?
Zone A : érotique plus plus plus
Zone B : érotique plus plus
Zone C : érotique sans plus
Zone D : érotique moins
Zone E : érotique moins moins moins.
Il y a des organes, des fragments de peau, des morceaux de corps qui attirent les mains, qui attirent la bouche, sur lesquels l’amant (ou l’amante) a tendance à se jeter,
je ne dis pas le contraire,
mais ce que j’ai remarqué, ce que même j’ai pu vérifier sur ma personne… – J’y vais doucement parce que sur ce terrain il y a des résistances sévères – bon…
Voilà, je me lance : cette hiérarchie érotique, cette division ce classement par zones – les zones très érotiques, les zones pas du tout érotiques etc. – c’est NUL.
On bafoue des parties du corps, on les exile, on les ostracise par ignorance, par manque de patience, par manque d’audace, en un mot par manque de sens érotique.
Zones érotiques ? Quelles zones ?
Zone A : érotique plus plus plus
Zone B : érotique plus
Zone C : érotique sans plus
Zone D : érotique moins
Zone E : érotique moins moins moins.
Les parties du corps, les surfaces de peau, classées dans la zone E, misère, j’aimerais pas être à leur place, autant les amputer, c’est fini pour elles, hors-jeu, abandonnées, reléguées en enfer.

Amputez-moi ! Amputez-moi ! Je suis classée dans la zone E, la zone érotique moins moins moins, amputez-moi, je veux mourir !
Vous entendez le cri de la zone abandonnée, mal classée ?
Ça peut tomber sur les cuisses. Hé oui les cuisses, carrément les cuisses. Il y a des hommes (ou des femmes) qui peuvent aller jusque-là avec leur histoire de zones érotiques.
Moi, les cuisses non merci, les cuisses c’est pas ma tasse de thé. Les cuisses, ils vous les laissent sur les bras.
Ils les regardent avec une moue de dégoût. Comme ça.
Vous vous rendez compte, les cuisses !
Pour eux (ou pour elles) c’est de la viande ou, je sais pas, un moyen de locomotion.
Les cuisses !
Les membres aspirent à devenir érotiques, tous. Les membres, les parties du corps. Tous. Faut pas saucissonner, trier, couper la poire en deux ou en six. Tous ! La meilleure façon de s’alléger, de planer comme on dit, la seule peut-être : devenir érotique. Tous les membres, toutes les parties du corps le savent dès le sein de la mère. Savoir immémorial, comme on écrit dans les livres.
Tous les membres veulent planer
planer planer…
Aucun membre ne veut être ignoré, sacrifié.
Tous les membres, toutes les parties du corps veulent planer, planer, planer.
Si j’ai quelque chose à vous dire c’est ça, uniquement ça
se dissoudre
devenir esprit, pur esprit
devenir cri, pur cri
devenir extase, pure extase
par l’opération érotique
toutes les parties du corps veulent ça, y aspirent de toutes leurs forces.
Planer, planer, planer…

(Roland Fichet, Anatomies 2008 – Ça mon corps)

[+] cliquez ici pour lire ce texte sur le site de l'auteur, rolandfichet.com

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